vendredi 27 août 2010

La peine est tabou


Jusque là, j'étais courageuse, forte, je voyais tout le beau de ma vie, je vivais dans le présent... Alors ça va, c'est accepté socialement... Mais si j'ai le malheur d'exprimer ma peine, le trou noir qu'est devenu mon avenir, l'angoisse que ça me fait vivre... Là, ça n'est pas accepté... Je me fais faire des tas de reproches ! La perte réelle que je subie, les courriels quotidiens d'amour que je ne reçois plus, les moments de bonheur partagés que je vivais chaque semaine, les projets d'avenir que je faisais et qui me mettaient le coeur en joie... Tout ça n'existe plus, mais je n'ai pas le droit de le dire ! C'est trop dérangeant, je suppose, je ne sais pas... Les personnes qui minimisent la perte sont souvent celles qui n'ont jamais vécu toutes seules, qui sont en couple depuis longtemps, et ont la chance d'avoir un couple solide qui traverse le temps... Elles n'ont pas comme moi, cherché l'amour pendant presque toute leur vie adulte, pis cru le trouver, n'ont pas savouré chaque jour de bonheur en pensant qu'enfin leur tour était arrivé après tellement d'années difficiles, pour ensuite tout perdre encore une fois... J'ai de la peine, l'homme que j'aime me manque et je ne peux rien y faire... Je n'ai plus de projet d'avenir, je pensais qu'on vieillirait ensemble...

Je me répète inlassablement qu'on ne connait pas l'avenir, que la vie me réserve peut-être une belle surprise... peut-être ! peut-être ! Mais là, la seule certitude que j'ai, c'est que l'homme que j'aimais me manque, qu'il m'a rejetée, que je suis toute seule pour tout affronter... que ça fait mal et que je trouve ça injuste...

J'étais dans le dénie et la colère, c'était plus facile, là, je commence à être dans l'impuissance et dans la peine, c'est plus difficile, surtout quand on se sent jugée, critiquée...

Heureusement, j'ai ma fille, ma fille merveilleuse qui est le soleil de ma vie et pour qui je tiens le coup, pour qui je me lève vaillamment tous les matins, pour qui je fais tout ce que je dois faire, pour qui je prends soin de moi... Je fais de mon mieux, une journée à la fois...


4 commentaires:

LE CHEMIN DU BONHEUR a dit…

C'est vrai que les gens ont souvent du mal à tendre la main a quelqu'un qui a des problèmes. Un peu come si le malheur était contagieux.
Maais, pour lavoir vécu comme tout le monde des séparations douloureuses. Je sais aussi que dans ces moments là nous sommes obsessionnels et que bien souvent la seule chose dont nous avons envie et pouvons parler et de notre souffrance dans le but illusoire de l'alléger. Mais il faut du temps pour faire un deuil, et il en faut des mots sur nos maux qui justement usent ceux qui ne nous connaissent pas vraiment.
Je te souhaite plein de courage, car ce que tu vis est tellement douloureux, mais j'ai lu aussi que tu ne te laissais pas abattre et que tu fais plein de choses formidables...
Alors bravo et plein de courage

Méli a dit…

Merci Joëlle, j'apprécie beaucoup lire ton blogue et c'est gentil ce que tu m'écris, je sais que c'est plate pour tout le monde, j'aimerais tellement mieux ne pas vivre ça... et ne tanner personne, mais je ne sais pas comment je vais y arriver si je ne me sens pas un peu entourée... et je ne peux pas toujours faire comme si je ne vivais pas ça...

Grande-Dame a dit…

Le malheur dérange souvent rapidement une fois le choc passé. Je suis bien désolée de cette rupture, comment envisager la vie sans celui avec lequel il fait si bon partager?

Méli a dit…

Merci Grande Dame, c'est gentil... En fait, je fais comme je peux, une journée à la fois, je me félicite quand j'ai eu une belle journée, que j'ai apprécié beaucoup de choses... Je me répète que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, que ça ne peut pas toujours être difficile... Je relativise en pensant à des gens qui vivent des choses bien pires que moi, mais parfois, je suis comme bien des gens, je me dis pourquoi moi et je m'apitoie sur ma situation... et ensuite, je me reprends et je continue en faisant de mon mieux... Pis je pense à mon ex en me disant qu'il ne peut pas être si heureux de son choix, que c'est impossible, qu'il a beaucoup perdu lui aussi et je me dis : quel gâchi ! Mais bon, je pense qu'il y a toujours une partie de moi qui espère que la vie sera meilleure un jour... même si j'ai aucune idée de quelle façon ça se pourrait...